Les prairies du désert du Namib en Afrique sont marquées par des plaques où la végétation ne se développe pas. Surnommées cercles féeriques, ces étranges structures ont suscité des débats pendant des années.
Ces cercles féeriques ont donné lieu à de nombreuses interrogations et notamment concernant leur formation. Mais aujourd’hui, les scientifiques de Princeton en sont certains : ces cercles seraient dû à des plantes et des termites.
S’étendant sur environ 2 400 km à travers l’Afrique et mesurant de 2 à 35 m de diamètre, ces cercles féeriques sont entourés par de l’herbe. Ils ont longtemps inspirés de nombreuses histoires et mythes allant des divinités aux dragons en passant par les ovnis.
Même les scientifiques sont divisés. Il y a deux camps. L’un d’eux pense que des plantes se regroupent pour optimiser la consommation de l’eau ; rare dans l’environnement désertique de la région. Il s’agit d’un phénomène connu sous le nom de « rétroaction dépendant de l’échelle ». D’autres croient que les termites sont la cause de ces cercles en dégageant la végétation de la zone autour de leur nid. Mais les deux théories ont des faiblesses : les rétroactions dépendantes de l’échelle n’ont jamais été correctement testées, et les termites ne semblent pas être capables de créer des modèles précis et récurrents sur une zone aussi vaste.
Selon l’équipe de Princeton, ces deux phénomènes pourraient être à l’origine de ces cercles féeriques. En créant des modèles informatiques et en comparant les résultats aux observations réelles des cercles de fées namibiens, les chercheurs ont découvert qu’une combinaison de plantes cherchant de l’eau et les habitudes de construction de nids des termites pouvait expliquer ces formations.
«Il existe depuis deux ans deux théories sur la façon dont ces modèles réguliers, et surtout les cercles de fées, sont formés et ces théories ont traditionnellement été présentées comme mutuellement exclusives», explique Juan Bonachela, co-auteur principal de l’étude. « Nos résultats harmonisent les deux théories et ajoutent à l’ensemble des explications possibles pour les modèles de végétation régulière observés dans le monde entier. »
A partir d’images satellitaires de nids d’insectes prises sur quatre continents, les chercheurs ont effectué des simulations informatiques pour déterminer pourquoi ces nids avaient des formes aussi uniformes. Ces modèles racontent une histoire intéressante : une colonie d’insectes, comme les termites, étendra son territoire vers l’extérieur afin de rechercher de la nourriture et de l’eau jusqu’à ce qu’elle rencontre une autre colonie. Ces insectes protégeant leur territoire, les deux colonies se battront et la plus petite colonie sera généralement décimée.
« Beaucoup d’insectes ont tendance à être territoriaux et les colonies se battent souvent à mort », explique Corina Tarnita, principale auteur de l’étude. « Quand un monticule naissant apparaît dans un territoire existant, les termites établies finissent par le retrouver et le détruire … Au fil du temps, les grandes colonies effacent les plus petites, mais les grandes colonies finissent par coexister dans une guerre perpétuelle sans gagner de terrain. »
Cela explique les taches qui composent les cercles de fées, et l’espacement régulier entre eux sur une telle échelle. Mais pourquoi sont-ils entourés d’herbes plus hautes? Et bien il s’avère que les plantes ont leurs propres guerres frénétiques pour conquérir les ressources limitées du désert. En raison de la rareté de l’eau, les plantes ont tendance à s’organiser en touffes et finissent par aider leurs voisins immédiats en se faisant de l’ombre les uns aux autres afin de concentrer l’humidité du sol directement sous eux.
La nature n’arrêtera sans doute jamais de nous surprendre !
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