Et si une molécule anti-obésité voyait le jour ? C’est une des pistes les plus prometteuses des recherches d’un groupe de scientifiques qui souhaitent éradiquer l’obésité.
Le plus beau : cette molécule anti-obésité pourrait réduire les mauvaises graisses tout en conservant les graisses brunes. Cette étude publiée par des chercheurs de l’Université de Cambridge est une petite révolution. Elle prouve la découverte d’une molécule anti-obésité à base de sang qui peut à la fois augmenter la quantité de graisse brune dans le corps ; et activer ses processus de combustion des calories.
Molécule anti-obésité : le fonctionnement
La majeure partie de la graisse dans notre corps est connue sous le nom de graisse blanche. Elle forme notre système de stockage calorique interne. Cependant, nous avons également un deuxième type de tissu adipeux, appelé graisse brune. Ce type de graisse est riche en mitochondries et contient beaucoup plus de vaisseaux sanguins que la graisse blanche normale ; ce qui lui permet de brûler de l’énergie à un taux incroyablement élevé.
La graisse brune est importante pour la régulation de la température corporelle et est conçue pour passer à l’action lorsqu’un animal a froid ; d’où son importance chez les animaux en hibernation. Chez les humains, la graisse brune est abondante chez les bébés. Mais on pensait que jusqu’à récemment, elle disparaissait chez les adultes plus âgés car la graisse blanche prenait le dessus avec l’âge.
Des recherches menées en 2009 ont révélé que la graisse brune était non seulement présente chez les humains adultes, mais qu’elle était toujours active. Cette découverte a mis au jour des recherches sur l’obésité dans la recherche de moyens de brunir la graisse blanche. Bien que plusieurs études aient révélé des techniques pouvant déclencher la conversion, il est possible que ce ne soit que la moitié du problème. Augmenter simplement le volume de graisse brune dans un corps est une chose ; mais trouver des moyens d’activer la combustion des calories dans cette graisse est un défi complètement différent.
« De nombreuses études ont révélé des molécules qui favorisent le développement de la graisse brune, mais il ne suffit pas d’augmenter la quantité de graisse brune pour traiter les maladies. Il faut pouvoir obtenir suffisamment de nutriments et l’utiliser. » explique le responsable et auteur de la nouvelle étude, Toni Vidal-Puig.
Molécule anti-obésité et gène BMP8b
Toni Vidal-Puig et l’équipe de l’Université de Cambridge travaillent depuis plusieurs années sur des moyens d’activer la graisse brune. En 2012, les chercheurs ont révélé la découverte d’une molécule anti-obésité appelée BMP8b. Des études chez la souris ont montré que cette molécule déclenchait efficacement les mécanismes de combustion de la graisse brune ; lorsque BMP8b était éliminé de l’organisme des animaux, la graisse brune cessait de fonctionner.
La nouvelle recherche visait à déterminer quel effet des niveaux croissants de BMP8b auraient sur le volume et l’activité de la graisse brune chez la souris. Les résultats impressionnants ont révélé que l’augmentation des niveaux de BMP8b transformaient progressivement la graisse blanche en graisse brune ; processus appelé parfois beiging. Mais ce qui est peut-être encore plus important, c’est la découverte que l’augmentation du BPM8b entraîne un plus grand volume de vaisseaux sanguins et une activité nerveuse dans la graisse blanche. Cela suggère que la molécule est efficace non seulement pour convertir la graisse blanche en brune, mais également pour aider à établir l’environnement dont les cellules ont besoin pour brûler efficacement de l’énergie.
Une molécule anti-obésité déjà efficace pour les souris
Sam Virtue, co-auteur de la nouvelle étude, utilise une analogie automobile pour expliquer l’importance de cette molécule pour résoudre le problème de la graisse brune / graisse blanche.
« C’est comme prendre un moteur d’un litre dans une voiture et le remplacer par un moteur de deux litres à la place », explique-t-il. « En théorie, la voiture peut aller plus vite, mais si vous n’avez qu’un minuscule tuyau d’alimentation pour le moteur et que vous ne connectez pas la pédale d’accélérateur ; cela ne fera pas grand-chose en plus. BMP8b augmente la taille du moteur et connecte l’accélérateur!»
À ce stade, la technique n’a été démontrée de manière efficace que chez la souris. Il reste encore beaucoup à faire avant de pouvoir administrer tout type de traitement anti-obésité. Mais l’hypothèse est prometteuse, car BMP8b se trouve dans le sang des humains ; ce qui suggère qu’il pourrait être manipulé pour stimuler l’activité de la graisse brune. La prochaine étape de la recherche consiste à commencer à étudier le BMP8b chez l’homme.
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