GoreGrish est peut être un des sites les plus déviants et gores jamais vu sur internet. Son créneau : les photos et les vidéos de meurtres, de viols, d’overdoses, d’exécutions, de crimes de guerre, de gore médical, etc. Il contient également des vidéos pornographiques et autres contenus pour adultes. Bien évidement, aucun contenu n’est censuré. Comme la plupart des sites similaires, Goregrish considère que le grand public doit avoir accès à tout ce que les grands médias traditionnels ne diffuseraient jamais.
Proposer ce type de contenus est un fait, mais pourquoi les internautes les consultent-ils ? Véritable tendance de fond depuis une dizaine d’années, véritables phénomènes sur la toile, ces sites internet attirent toujours plus de visiteurs. Par exemple, le site BestGore revendique un chiffre de 10 à 15 millions de pages vue par jour.
Rappelez-vous, il y a quelques années, je vous avais parlé de la vidéo de Luka Magnotta, le dépeceur de Montréal. Cet article avait fait des centaines de milliers de vues dans la journée. Aujourd’hui encore, cet article est encore le plus consulté sur Le Blog des Tendances. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’analyser et décrypter ce phénomène.
Avertissement : les sites nommés dans cet articles contiennent du contenu présentant des actes de torture, des vidéos gore, des meurtres et de la violence. Attention violence frontale. Les images peuvent choquer.
GoreGrish – Génèse et histoire
Le site est considéré comme étant le successeur de Uncoverreality. Depuis l’affaire du meurtre de Luka Magnotta, GoreGrish a focalisé l’attention du monde entier et des sites web similaires ont atteint un nouveau niveau de notoriété sur Internet.
L’un des premiers sites Web du genre s’appelle Rotten. Rotten a été créé en 1996 et diffuse principalement des liens vers des photos médicales et des photos d’accidents. Ce n’est que vers le milieu des années 2000 que les sites gores sont vraiment apparus. Ogrish est le grand-père de tous. À partir du début des années 2000, le site a publié des images et des vidéos de gens se suicidant durant l’attaque terroriste du World Trade Center. Il a également fondé sa «notoriété» sur les vidéos d’exécutions politiques en Russie.
Autre événement qui a fait date : la diffusion des images de l’autopsie de Ngatikaura Ngati. Ces images apparues sur GoreGrish et Bestgore ont déclenché une véritable polémique. Ngatikaura Ngati était un jeune enfant adopté par une famille Néozélandaise. Il fût assassiné le 31 janvier 2006 à l’âge de 3 ans par ses parents adoptifs. Comment les deux sites ont-ils obtenus ces images ? La question reste entière !
GoreGrish – Qui consulte les sites gores ?
Personne n’est à l’abri de tomber sur ce type de contenu. Aujourd’hui, sur internet, ce type de contenu est accessible à tous. Tout le monde s’accorde à dire qu’il n’est pas moralement justifiable de se délecter de la souffrance humaine. Cependant, de plus en plus de personnes cèdent à la curiosité.
Ses fondateurs affirment être disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sur Skype et par email pour aider les personnes qui auraient été choquées par ce qu’elles auraient vu sur le site. Mais qui sont les visiteurs de ce genre de sites ? L’image de l’utilisateur typique du site gore est celle d’un misanthrope dans un sous-sol. Certes, ces personnes existent. Mark Marek, le webmaster de BestGore décrit d’ailleurs les humains comme des «virus charnus». Certains utilisateurs sont surement des fétichistes gore. Mais la majorité des utilisateurs du site gore travaillent, ont des familles, sortent avec leurs amis, etc.
En fin de compte, ce que ces utilisateurs semblent tous partager, c’est une curiosité compulsive à propos de la nature humaine et de sa fragilité. Beaucoup d’entre eux ont aussi la conviction que les médias traditionnels ne font pas leur travail et ne leur parlent pas de ce qu’il se passe réellement.
Le site considère quand à lui qu’en publiant ces vidéos, il ne les tolère pas pour autant. Il pense donner aux gens un moyen de voir ce qu’il se passe dans le monde.
GoreGrish – Le scandale par l’image
Hébergés au Canada et aux Etats-Unis, les sites BestGore, GoreGrish et TheYNC publient des vidéos de meurtres, de mutilations, de tortures, afin qu’elles soient vues par des millions d’internautes. Car oui, même s’ils ne les cautionnent pas, s’ils les mettent en ligne, c’est pour qu’elles soient vues.
Compte tenu des états de troubles dans des endroits comme la Syrie, le Mexique, la Tchétchénie ou encore la Corée du Nord, les contenus ne cessent d’affluer. Les photos et les vidéos en provenance de ces pays sont majoritaires sur ces forums. Vous trouverez, par exemple, des sujets entiers consacrés uniquement aux décapitations mexicaines des cartels de la drogue. Très souvent, ces vidéos sont publiées par les personnes qui ont commis ces actes. Est-ce pour faire passer un message et contribuer à maintenir un climat de terreur ?
Au milieu de ces vidéos d’accidents, d’overdose, de bombardements et d’exécutions, ces sites mettent aussi en ligne des vidéos de meurtres commis par des citoyens lambda. Ce qui nous ramène au cas Magnotta. Lorsque la vidéo de Magnotta a été publiée, la plupart des utilisateurs du site Gore ont été moins choqués que vous ne le pensez. Après tout, ils suivaient sa «carrière» depuis un petit moment …
GoreGrish – Le cas Magnotta
Comme beaucoup sur internet, Luka Rocco Magnotta a commencé en faisant des vidéos de chats … mais pas celles que vous imaginez … En décembre 2011, l’un des membres de GoreGrish a publié une vidéo de Luka Magnotta étouffant deux chatons dans un sac en plastique sur un air de «Happy Christmas (War is Over)» de John Lennon en arrière-plan. La vidéo avait également été publiée sur d’autres sites gores et avait provoquée de nombreuses levées de boucliers.
Gorehounds a commencé à creuser le cas Magnotta. De nombreuses vidéos ont alors été publiées. Les internautes visionnant ces vidéos ne manquaient pas de se moquer de sa peau abîmée et de sa calvitie naissante. Sa carrière dans le porno, la prostitution, la taille de son pénis, tout était sujet à la moquerie. Quelque temps plus tard, une nouvelle vidéo de violence animale a fait surface : on y voyait Magnotta donner un chaton à manger à un python.
Bien évidement, la suite vous la connaissez tous, c’est la publication du meurtre de l’étudiant chinois Jun Lin. Cette vidéo a été mise en ligne 5 jours avant son arrestation. Intitulé 1 Lunatic 1 Ice Pick, la vidéo avait été envoyée par courrier électronique au site TheYnc et à BestGore ; puis a été rebaptisé par GoreGrish.com. Lorsque l’on regarde les commentaires à la suite de cette vidéo, on constate que les internautes étaient quelque peu choqués, mais surtout détachés.
Au départ, beaucoup pensaient qu’il s’agissait d’un film produit par un psycho fou qui aurait payé pour assassiner une personne et se filmer pendant l’acte. Beaucoup pensaient donc qu’il s’agissait d’un vrai meurtre. Finalement, quelqu’un de chez BestGore a contacté les autorités. C’est à ce moment là que l’affaire a été révélée au grand public.
GoreGrish, BestGore, TheYnc, Ogrish, LiveLeak, Rotten et Stile Project sont-ils légaux ?
Tous ces sites ont des restrictions d’âge, des avertissements sur le contenu et des politiques strictes contre la pornographie juvénile. Il existe des tabous, même dans le monde du gore.
Mais contrairement aux sites de téléchargement de vidéos traditionnelles ou de streaming, comme YouTube et Vimeo qui ne permettent pas la diffusion de vidéos de violence, de pornographie ou d’activités illégales, les sites gore se voient comme un reflet sans nuance du ventre malade de la vie. Ce qui est parfaitement légal.
Il est illégal d’avoir tué quelqu’un. Il est illégal de regarder quelqu’un être assassiné et ne pas le signaler. Mais il n’est pas illégal de regarder la vidéo d’un meurtre.
Cela dit, l’immunité générale telle qu’elle existe actuellement pour ce genre de sites est politiquement instable. De plus en plus, la justice contraint les sites internet à retirer les vidéos et n’hésite pas condamner sous astreinte les sites qui continuent de les diffuser. . En Janvier 2016, Mark Marek, le fondateur du site BestGore a été condamné par la justice Canadienne à six mois de prison avec sursis pour corruption de mœurs.
Quoi qu’il en soit, l’argument des fondateurs de ces sites est souvent le même : « Les vidéos ne tuent pas les gens. »
Grâce à la télé réalité, il est socialement acceptable de devenir célèbre pour toutes sortes de raisons douteuses. Il n’a jamais été aussi facile de devenir célèbre. Alors, ce genre de site est-il un nouveau moyen de le devenir ? C’est en tout cas ce qu’espérait le dépeceur de Montréal …
Sites gores et moralité
Selon Gorehounds, ce genre de sites contribuerait à lutter contre la criminalité. En 2009, par exemple, deux adolescents russes ont été reconnus coupables d’avoir assassiné 21 personnes lors d’une vague de terreur en Ukraine. Les soi-disant « maniaques de Dnepropetrovsk » ont filmé plusieurs de leurs meurtres avec des téléphones cellulaires, y compris le massacre brutal de Sergei Yatzenko, âgé de 48 ans qui a été éjecté de son vélo, battu à coups de marteau et poignardé à plusieurs reprises avec un tournevis.
La vidéo, nommée 3 Guys 1 Hammer, est toujours largement considérée comme la vidéo gore la plus choquante de tous les temps. Son existence a joué un rôle déterminant pour confondre les meurtriers lors de leur procès. De même, 1 Lunatic 1 Icepick a mené à l’arrestation de Magnotta grâce à des utilisateurs de BestGore.
Alors, ces arrestations et ces condamnations méritent-elles et suffisent-elles à justifier l’existence de ce genre de sites internet ? Il n’y a qu’une seule certitude : la vidéo de Luka Magnotta ne sera pas la dernière.
Selon le fondateur du site BestGore, Mark Marek, « nous vivons à l’ère de l’internet. Il est normal qu’internet devienne la plate-forme de communication des meurtriers et des psychopathes. Cette nouvelle génération de personnes violentes utilisera internet comme une plate-forme de choix à diverses fins.»
Le meurtre et la fascination pour les crimes a toujours existé dans nos sociétés. Les nations ont mené des guerres. Les religions ont torturé des infidèles. Les amoureux ont tué des rivaux. Les adolescents ont agressé des passants sans raison, etc. Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que nous atteignons un point de basculement, où presque tout le monde est dans la capacité de montrer ce dont il est capable à n’importe qui dans le monde … d’un simple clic … mais nous avons toujours la possibilité de ne pas cliquer ou de ne pas regarder …
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