L’État américain du Wyoming est sur le point d’accueillir le Projet Bison, la plus grande usine de capture directe de l’air au monde pour l’élimination du dioxyde de carbone atmosphérique. L’installation devrait entrer en service l’année prochaine. Et, si tout se passe comme prévu, elle pourra, d’ici la fin de la décennie, aspirer cinq millions de tonnes de CO2 par an et les enfermer en toute sécurité sous terre.
Projet Bison a été imaginé par CarbonCapture
Selon la société CarbonCapture, à l’origine de cette technologie, le projet Bison est la première usine de captage direct de l’air massivement évolutive aux États-Unis. Cette société basée à Los Angeles s’est associée à la société Frontier Carbon Solutions dans le cadre de ce projet qui consiste à enfermer le carbone capturé dans le sous-sol pour l’empêcher de retourner dans l’atmosphère.
Les machines de capture directe de l’air aspirent le CO2 atmosphérique. Elles l’absorbent à l’aide de sorbants solides. Ensuite, elles le soumettent à la chaleur afin de le transformer en CO2 concentré. Ce CO2 concentré peut ensuite être minéralisé dans des formations rocheuses profondes ou séquestré de manière permanente par d’autres moyens. Il peut aussi être cédé aux fabricants de produits qui utilisent du CO2 propre ; comme les carburants et le béton de nouvelle génération.
Le projet Bison suit les traces d’une autre startup ambitieuse dans ce domaine, la société suisse Climeworks. L’année dernière, la société a commencé à exploiter sa première véritable usine de capture directe de l’air ; la plus grande du monde à l’époque. Cette installation, appelée Orca, est capable d’absorber 4 000 tonnes de CO2 par an. Plus tôt cette année, Climeworks a commencé à construire une deuxième usine, encore plus grande, appelée Mammoth. Elle est conçue pour absorber 36 000 tonnes de CO2 par an lorsque les opérations commenceront dans quelques années.
Climeworks prévoit d’augmenter ses opérations pour atteindre une élimination de CO2 à l’échelle du mégatonne ; soit des millions de tonnes. L’objectif est de réduire davantage les quelque 30 milliards de tonnes générées par l’activité humaine chaque année. La clé de ces ambitions est une architecture modulaire qui permet à ses unités de capture directe de l’air d’être empilées les unes sur les autres CarbonCapture adopte une approche similaire avec le projet Bison.
Un système profondément modulaire
Pour sa part, CarbonCapture décrit son système comme étant « profondément modulaire ». Les réacteurs s’insèrent dans des modules de la taille d’un conteneur d’expédition qui peuvent être empilés en plusieurs niveaux. Cela permet de mettre à niveau les réacteurs individuels ou d’insérer différents types de cartouches d’absorbants prêts à l’emploi pour s’adapter à différents climats ou saisons. Ces modules peuvent être regroupés en grappes pour partager des ressources telles que l’énergie et la chaleur. Aussi, ces grappes peuvent ensuite être mises à l’échelle pour former des réseaux gigantesques.
Le Wyoming a été choisi comme site du projet Bison en raison de son accès facile aux sources d’énergie renouvelables et des conditions réglementaires favorables au stockage du carbone. En attendant les autorisations, il s’agira de la première usine de captage direct dans l’air qui utilisera des puits de classe IV pour la séquestration du carbone. Cela se fera en l’injectant dans des aquifères salins profonds. Les opérations de capture du carbone de la phase 1 devraient commencer l’année prochaine. Cela devrait permettre de retirer environ 10 000 tonnes par an.
CarbonCapture affirme cependant qu’il n’y a pas de limites pratiques à l’extension du projet. La société prévoit de le faire pour retirer 200 000 tonnes par an d’ici 2026 et une mégatonne par an d’ici 2028 ; puis cinq mégatonnes par an d’ici 2030. À ce stade, le projet Bison devrait être le plus grand projet d’élimination du carbone atmosphérique au monde.
Plusieurs concurrents au Projet Bison
Le moment venu, il pourrait toutefois avoir de la concurrence. Outre les efforts de Climeworks dans ce domaine, nous avons vu la startup londonienne Brilliant Planet exposer ses plans pour offrir une capture du carbone à l’échelle du gigatonneau en utilisant des algues
La startup australienne Southern Green Gas envisage de capturer des milliards de tonnes chaque année. Le gouvernement américain investit également des milliards de dollars dans le captage du carbone. Le but est de développer des centres régionaux susceptibles de faire baisser le coût considérable de cette technologie.
CarbonCapture misera beaucoup sur les effets de la loi sur la réduction de l’inflation récemment adoptée par le gouvernement Biden pour rendre sa capture du carbone commercialement viable. Cette loi prévoit que les crédits d’impôt pour les usines de capture du carbone passent de 50 dollars par tonne à 180 dollars si le carbone est stocké sous terre. Elle est conçue pour accélérer les innovations dans le secteur de l’élimination du carbone.
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