Des médicaments anti-obésité seraient sur le point de voir le jour. Une impressionnante étude génétique à grande échelle, dirigée par des scientifiques de l’Université de Cambridge, s’est intéressée à un certain nombre de variants spécifiques d’un gène unique pouvant aider les personnes à perdre ou à prendre du poids. Les recherches ont révélé que certaines variantes naturelles du gène MC4R peuvent offrir une protection contre l’obésité. On espère que cette découverte mènera à de nouveaux médicaments anti-obésité qui imitent cette variation génétique.
Médicaments anti-obésité : le gène MC4R
Les scientifiques savent depuis plusieurs décennies que le gène MC4R joue un rôle majeur dans la régulation de l’appétit ; et du métabolisme. Des variations qui désactivent ou diminuent l’activité du gène ont été fréquemment identifiées chez les personnes souffrant d’obésité morbide. Des études animales imitant ces mutations génétiques ont abouti à des démonstrations d’appétit non régulé et de suralimentation.
Afin de mieux informer les futures recherches sur les médicaments ciblant ce gène spécifique, les scientifiques ont examiné les données d’environ un demi-million de sujets britanniques présentant différentes mutations de MC4R. L’étude a révélé 61 variantes du gène MC4R, dont neuf étaient associées à une activité génétique accrue. Environ six pour cent des sujets étudiés présentaient l’une des neuf variations génétiques et présentaient des probabilités moins élevées d’obésité, de diabète et de maladie coronarienne.
« Cette étude montre que la génétique joue un rôle majeur dans la raison pour laquelle certaines personnes sont obèses ; et que certaines personnes ont la chance d’avoir des gènes qui les protègent de l’obésité. », explique Sadaf Farooqi, l’un des chercheurs de Cambridge travaillant sur le projet.
« Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas influencer notre poids en regardant ce que nous mangeons, mais que cela signifie que les chances sont minces contre certaines personnes et en faveur d’autres. »
D’autres études montraient déjà l’activité de la MC4R
Des études antérieures sur des médicaments stimulant l’activité de la MC4R ont donné des résultats mitigés. Les essais chez l’homme sur des agonistes de MC4R il y a environ une décennie ont été arrêtés après la constatation d’effets secondaires significatifs. Bien que la perte de poids ait certainement été provoquée par les agonistes de la première génération de MC4R, une augmentation importante de la pression artérielle a également été identifiée. Des recherches plus récentes sur les nouveaux agonistes de MC4R se sont révélées plus prometteuses, cependant, et une meilleure compréhension de la façon dont les variantes naturelles du MC4R réduisent l’obésité aidera à développer davantage des médicaments plus sûrs.
Grâce à des expériences sur des animaux, les nouvelles recherches ont révélé que ces neuf variantes de MC4R bénéfiques semblaient envoyer de préférence des signaux via une voie protéique connue sous le nom de bêta-arrestine. L’étude suppose que cette activité très spécifique pourrait entraîner à la fois une diminution de l’obésité et une protection contre les effets indésirables de la pression artérielle observés lors d’une stimulation plus générale de la MC4R.
« Un puissant concept émergent est que les variantes génétiques qui protègent contre les maladies peuvent être utilisées comme modèles pour le développement de médicaments plus efficaces et plus sûrs », a déclaré Luca Lotta, principal auteur de la nouvelle étude. « Nos résultats pourraient ouvrir la voie à une nouvelle génération de traitements de perte de poids qui activent la MC4R de manière préférentielle via la voie bêta-arrestine. »
Cette nouvelle étude pourrait ouvrir la voie aux médicaments anti-obésité
Cette nouvelle recherche souligne l’importance d’étudier de près les effets des variants génétiques naturels dans les grandes cohortes de la population générale. Nous savions peut-être depuis longtemps que le gène MC4R pourrait jouer un rôle clé dans la conception de traitements efficaces contre la perte de poids, mais jusqu’à présent, il était relativement peu clair de trouver le moyen le plus sûr de moduler cette voie génétique.
La nouvelle étude a été publiée dans la revue Cell.
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