L’huile d’olive, trésor de nos cuisines, se retrouve sous les projecteurs pour de mauvaises raisons. La présence d’hydrocarbures inquiète, suite à une étude choc de « 60 Millions de consommateurs ». Ce magazine respecté révèle que même l’huile vierge, y compris l’huile bio, n’échappe pas à la présence de plastifiant type phtalate, un potentiel perturbateur endocrinien. Des traces de ces substances toxiques, parfois dérivées du pétrole, ont été retrouvées dans de nombreuses références.
L’étude, publiée ce jeudi 24 avril, montre que beaucoup d’huiles contiennent ces contaminants, y compris l’extra vierge, posant question sur notre santé. Faut-il s’alarmer ? Ce guide vous aide à y voir plus clair.
Quels hydrocarbures retrouve-t-on dans l’huile d’olive ?
L’enquête menée par « 60 Millions » a mis en lumière la présence de plusieurs types d’hydrocarbures dans l’huile d’olive testée. On parle principalement de deux familles d’huiles minérales : les MOSH (Hydrocarbures Saturés d’Huile Minérale) et les MOAH (Hydrocarbures Aromatiques d’Huile Minérale).
Malheureusement, l’huile contaminée contenait aussi souvent des phtalates, ces plastifiants bien connus. Ces substances, considérées comme potentiellement toxiques, n’ont rien à faire dans nos assiettes. L’étude a détecté des traces de l’un ou l’autre de ces contaminants dans quasiment toutes les références analysées.
Type de Contaminant | Nom Complet / Description | Origines Possibles (dans l’huile d’olive) | Préoccupations Principales pour la Santé (Simplifié) |
MOSH | Hydrocarbures Saturés d’Huiles Minérales | Lubrifiants (machines agricoles, chaînes de production), Paraffines, Colles, certains Emballages, Pollution environnementale | Tendance à s’accumuler dans certains tissus/organes (foie, rate, ganglions lymphatiques) ; effets à long terme peu connus. |
MOAH | Hydrocarbures Aromatiques d’Huiles Minérales | Similaires aux MOSH (lubrifiants, process, pollution…) | Certains composés de cette famille sont suspectés d’être cancérigènes et génotoxiques (peuvent endommager l’ADN). |
Phtalates | Esters de l’acide phtalique (Famille de Plastifiants) | Migration depuis les matériaux plastiques utilisés lors du stockage, transport, conditionnement (cuves, tuyaux, bâches, certains bouchons/joints…) | Reconnus ou suspectés d’être des perturbateurs endocriniens (peuvent interférer avec le système hormonal). |
Quels risques pour la santé faut-il considérer ?
Aborder le risque sur la santé est essentiel, mais sans céder à la panique. Les substances toxiques retrouvées soulèvent des questions légitimes. Les phtalates sont connus comme perturbateur endocrinien avéré.
Certains MOAH sont classés comme potentiellement cancérigènes (carcinogènes). Quant aux MOSH, l’inquiétude vient de leur capacité à s’accumuler dans le foie et le système lymphoïde (foie et le système). L’étude démontre leur risque potentiel, surtout avec une consommation régulière. Même si la quantité est parfois faible, voire jugée négligeable par certains industriels, une quantité non négligeable a été détectée dans plusieurs huiles, rendant le produit potentiellement dangereux.
Comment choisir son huile d’olive : le guide pratique
Face à ce constat, comment choisir la meilleure huile d’olive ? Mission impossible ? Non, mais la vigilance est de mise. Puisque de nombreuses marques ont été testées positives, voici quelques critères pour améliorer la qualité de votre choix :
- Lisez l’étiquette : Optez pour une « Vierge Extra ». Vérifiez l’origine (pays unique ou mélange ?). Les AOP/IGP offrent un cahier des charges plus strict. Une huile française peut être une piste.
- Le contenant : Le verre teinté est préférable au plastique transparent ou au métal non verni pour limiter la migration des phtalates.
- Le Label Bio : Si l’enquête montre que le bio n’est pas une garantie absolue contre cescontaminants, il évite les pesticides. Certaines références bio (
carrefour bio
par exemple) ont d’ailleurs été testées. - Le Prix : Le prix au litre n’est pas un indicateur fiable de pureté selon les résultats de « 60 Millions ». Une huile eco peut être moins contaminée qu’une huile chère, et inversement.
- Le Goût : Faites confiance à vos sens. L’étude a révélé un défautsensoriel pour certaines huiles Vierge Extra. Une bonne huile a un goût frais et caractéristique du fruit.
- Les Infos Nutritionnelles : Regardez la teneur en acide oléique et le profil en acides gras. Une bonne huile est issue d’une pression mécanique, idéalement première pression à froid.
- Les Alternatives Saines : Variez avec d’autres huiles de qualité pour la cuisine, comme l’huile de colza ou l’huile de tournesol (attention à leur point de fumée).
Critère / Label / Mention | Ce que ça Signifie / Implique | Avantages & Points d’Attention (Contexte Contaminants) |
« Vierge Extra » | Obtenue uniquement par procédés mécaniques, à froid, avec un faible taux d’acidité et sans défaut de goût (normalement). | Avantage : Gage de qualité gustative et nutritionnelle (polyphénols). <br> Attention : Ne garantit PAS l’absence de MOSH/MOAH/Phtalates selon l’étude « 60 Millions ». |
Origine (Pays Unique indiqué) | L’huile provient exclusivement du pays mentionné (ex: Italie, Espagne, Grèce, France…). | Avantage : Meilleure traçabilité que les « mélanges UE/non-UE ». <br> Attention : La contamination peut exister dans tous les pays. |
Label AOP / IGP | AOP (Appellation d’Origine Protégée) / IGP (Indication Géographique Protégée) : Lien fort avec un terroir spécifique, cahier des charges strict. | Avantage : Traçabilité maximale, règles de production souvent plus exigeantes (peut potentiellement réduire certains risques de contamination liés aux process). <br> Attention : Pas une garantie absolue contre tous les contaminants. |
Label Bio (AB / Eurofeuille) | Garantie l’absence de pesticides et d’engrais chimiques de synthèse lors de la culture des olives. | Avantage : Évite les résidus de pesticides. Bon pour l’environnement. <br> Attention : Ne garantit PAS l’absence de MOSH/MOAH (pollution, process) ni de Phtalates (emballage, process) selon l’étude « 60 Millions ». |
Contenant : Verre Teinté | Bouteille en verre coloré (vert foncé, marron…). | Avantage : Protège l’huile de la lumière (qui dégrade la qualité). Considéré comme plus inerte que certains plastiques, pourrait limiter la migration des Phtalates. <br> Attention : Ne protège pas des MOSH/MOAH si déjà présents dans l’huile. |
Alternatives (Huile de Colza, Tournesol…) | Autres huiles végétales. | Avantage : Permet de varier les sources d’acides gras et de potentiellement diluer l’exposition à des contaminants spécifiques à une filière. <br> Attention : Choisir aussi des versions de qualité (vierge, pression à froid si possible) et vérifier leur usage (point de fumée). Elles peuvent avoir leurs propres problématiques de contaminants. |
Quelles marques d’huile d’olive sont contaminées ?
L’étude de « 60 Millions de consommateurs » a analysées de nombreuses marques d’huile d’olive vendues en grande surface et supermarché. Il est important de consulter l’enquête pour le classement détaillé, car les résultats peuvent varier selon les lots testées. Cependant, la presse relayant l’étude a souvent cité, parmi les marques où des niveaux plus élevés de contaminants ont été retrouvés : Carapelli, Monini, Puget, Terra Delyssa ou encore la marque Eco+. Carapelli et Monini sont souvent mentionnées. À l’inverse, H de Leos et Costa d’Oro semblaient mieux classées. Ces exemples montrent que de nombreuses marques populaires sont concernées par cette alerte.
Quelle réglementation sur les huiles d’olive et les contaminants ?
Actuellement, la réglementation européenne (et française) est encore floue concernant une limite estimée comme acceptable spécifique pour la quantité d’hydrocarbures MOSH et MOAH dans l’huile d’olive. Des discussions sont en cours au sein de l’union européenne. Pour les phtalates, des restrictions existent pour les matériaux au contact des aliments, mais leur présence retrouvée pose question. La norme se concentre surtout sur les critères de qualité (acidité, etc.) définissant une « olive vierge extra » par rapport à une huile de moindre qualité. Les règles générales de sécurité alimentaire s’appliquent, mais un encadrement plus précis de ces contaminants spécifiques est attendu.
Quels sont les bienfaits reconnus de l’huile d’olive ?
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ! L’huile d’olive, surtout vierge extra, conserve de nombreux bienfaits pour la santé. C’est un pilier de la cuisine méditerranéenne. Sa richesse en acide oléique, un excellent acide gras mono-insaturé, est précieuse. Une huile de qualité, issue directement du fruit par pression mécanique, offre aussi des polyphénols aux propriétés antioxydantes. Ses propriétés nutritionnelles en font un corps gras bien plus intéressant que beaucoup d’autres pour notre corps.
Comment éviter (ou limiter) la contamination ?
Comment éviter au maximum la contamination ? Difficile d’agir sur la pollution environnementale, mais on peut être vigilant sur la suite de la chaîne de production. Le stockage et le transport sont cruciaux. L’utilisation de matériaux contenant des plastifiants (certaines cuves, tuyaux, bâches) est une source majeure de phtalates détectés. Choisir une bouteille en verre peut aider à éviter cette contamination spécifique. Il faut espérer que les producteurs améliorent leurs process pour qu’aucune substance polluée ne soit retrouvée dans l’aliment final, via un meilleur choix de matériaux pour le stockage ou du transport.
Conclusion
L’huile d’olive reste un produit précieux aux multiples bienfaits, mais l’enquête récente de « 60 Millions » nous alerte sur une contamination préoccupante par les hydrocarbures (MOSH/MOAH) et les phtalates.
Le résultat : même le bio ou les grandes marques comme Carapelli, Monini, Puget ou Eco+ ne sont pas épargnées. Sans céder à la panique, soyons des consommateurs informés : lisons les étiquettes (origine, vierge extra), privilégions le verre, et tenons compte des tests indépendants. La réglementation européenne doit aussi jouer son rôle pour garantir une meilleure sécurité alimentaire. Variez vos huiles, explorez les alternatives saines, et continuez à savourer les plaisirs de la cuisine méditerranéenne en toute connaissance de cause